Journal de Marche du Capitaine Abehanne.

          Le café fumait toujours. Je devinais son goût âpre et la brûlure de ses arômes envahissant le palais. Les fumerolles semblaient adoucir l’agressivité toute militaire de mon casque lourd, ma rapière et ma dague posée là, sur cette table bringuebalante.

 

Casque Renaissance Anglais.PNG

 

 

 

 

Rapière de Slavonne.PNG

 

Dague Italienne.PNG

 

Par l’unique fenêtre toute crasseuse, j’entendais déjà le tumulte grandissant d’une ville qui s’éveille. J’avais encore des relents de vinasse et de bibine dans le gosier. Reliquat de la soirée d’hier à arroser le galon d’un sergent récemment nommé dans la compagnie. De derrière la porte de ma chambre me venait les ronflements sonores du gars qui était en faction. Pouvais-je en vouloir à cet homme et à son manquement de discipline. Là ou moi j’avais le privilège en tant qu’officier de bénéficier d’une chambre, si petite et sinistre soit-elle, l’homme de troupe devait bien souvent se partager avec ses camarades ici une étable, là une grange, trop fréquemment humides et infectes, mais haut combien ces dernières devenaient de douillets paradis au regard de tant de nuits passées à la belle étoile

dans nos bivouacs rudimentaires.

Je me frottais la barbe encore sale de la graisse des rôtisseries et des pâtés d’hier soir. Je pris une gorgée de café. J’étais fatigué. Mon regard flottait sur mes armes disposées en vrac sur la table, méditant sur mon parcours d’homme d’arme.

Capitaine de la compagnie Tortuga Negra, venant se perdre dans le nord, loin de ses bases et de sa ville de garnison de Venessia.

 

 

2 Phalange Républicaine.png

 

Notre monarque, Aurelle de Paladine, nous avait cantonnés dans cette grosse bourgade au-delà des bornes frontières où nous étions actuellement : Cerk.

Ceci dans l’optique de fixer l’abcès qui chatouillait tous les acteurs de la Péninsule de Paladine désireux de voir s’étendre notre vieux royaume. A savoir les agissements des Amorochs qui se faisaient de plus en plus pressants dans leurs razzias, menaçants les voies commerciales et le fragile équilibre de tout ce petit monde.

Nous étions devenus des chiens de garde, émoussant nos crocs dans ces contrées pluvieuses à ronger l’os de l’ennui…

 

 

Tercio Espagnol.jpg

 

Il semblait encore flotter dehors ; ce qui accentuait mon humeur déjà grise… Je songeais à mes gars serrés autour des braséros de campagne et ceux encore plus malchanceux, entrain de pourrir sur leur paillasse, dévorés par une fièvre assassine larvée dans l’humidité ambiante. Ceux-là, ne finiraient pas cette semaine et iraient rejoindre l’Ombrée…

Je me tournais du côté de mon lit. Les draps fripés n’étaient plus très frais, et la puterelle avait regagnée à l’aube ses quartiers d’ombres. Me restais seulement dans cette solitude humide, le souvenir radieux de mon village, au nord de Venessia : Torre di Astura et ses douces collines frappées d’or…

 

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22/01/2016
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