#mood
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Vitre bousillée du bâtiment triste de l’AFPA
Bus 213, ramassant l’humide négritude du matin
J’entends de la musique du bled, un homme semble porter un pakol afghan
Champs Sur Marne, sortie A4, quartier des Pyramides sans les pharaons…
Sous la halle du marché, un orchestre mexicain entre
Les fromages, charcuteries et fruits et légumes
Dernière soirée d’octobre, dans le village,
Les enfants en quête de sucreries…
Dans le jardin,
Le feuillage s’éparpille en
Une constellation
Dorée.
Face à l’église de Gournay, deux bouchers
Semblent s’amuser,
Dans la tendresse d’un soir naissant…
Chelles,
Flux des automobiles étirant leur halo de lumière,
Quand chacun coure après son bus.
Ce vide qui me télescope,
… comme un trou d’air dans la mémoire
A cet instant j’étais seul,
Je marchais à travers moi.
Esbly : ciel gris,
Et les pas humides des noirs immigrants
Revenants des Restos
Sans un regard pour les bourriches d’huîtres
Postées près du kebab.
Le vieil homme passe,
Faisant tinter sa canne sur le bitume
Parapluie sous le bras…
… une ambulance file dans un éclair bleu.
Tournée silencieuse du facteur,
Et la grisaille se ramasse avec les factures
Feuilles mortes dans la gamelle du chien…
… un frisson de vent dans les arbres.
Un volet métallique s’ouvre sur le silence givré,
Un bâillement dans le train de banlieue,
Qui ponctue la fatigue de tous.
Je me rêve parfois,
Dans un rade à Quimper
A tapoter du pied
Sur une chanson légère
Berçant ma solitude
Dans la blondeur de mon verre
Lissant mon amertume
Dans l’arôme d’une bière…
A chaque aube nouvelle,
Je vais au front.
Ma vie,
Un éternel braquo.
Illuminations de Noël accrochées aux maisons,
Humide odeur du bitume
Promener le chien
Sortir les poubelles
Faire un signe de la main
Au voisin.
Odeur d’urine dans les toilettes
Porte qui grince à vide dans le couloir
Et pas qui résonnent de courants d’air
Grues immobiles du chantier, au soir
A l’heure où les banlieusards rentrent au bercail
Humidité et grisaille se calfeutrent dans les fossés
08h17, l’écran du PC indique 0°C, temps dégagé.
(Jardin figé de givre,
La niche attend son chien…)
Je déambule dans l’ombre de moi-même
La nuit est une forme de question
Rue des Marguerites,
La pluie griffonne ma parka
Je m’efforce de ne pas m’effondrer…
… intérieurement.
08h33, l’écran du PC indique 6°C, temps nuageux.
Gamin : demain était loin, très loin même, et bleu.
Gare routière, patrouille de vigiles…
Le vent plaque les ombres nouvelles de la nuit
Froides.
La pluie claque au volet
De ses doigts détrempés en quête de ma peau…
Des draps pendent à la fenêtre,
Les oiseaux fourmillent de soleil
Et les arbres posent leur tête chauve,
Sur le bleu d’un ciel à 4° Celsius.
Passe le cormoran
Au-dessus de la Marne,
Où tremble encore un
Reflet de lune…
Lézard passe-muraille aux abords d’une voie ferrée,
Héron argenté dans un ciel immobile
Pie criarde sur un fil électrique
Déchets gras d’un KFC dans une impasse
A Meaux…
Un équilibre de silence s’est posé sur mon cœur,
J’étais incertain d’être là…
(Je suis tatoué des organes de la mer.)
Tu étais cette nuit où j’ai perdu mon ombre.
Je suis l’intensité orpheline d’un baiser
Ce passager égaré dans un sourire
… juste le fragment d’un frisson d’avant-goût.
Je suis les mots bousculés de mes nuits.
J’ai pénétré dans ta nuit à pas perdus…
… étant en solitude avec moi-même.
Dans le camtar des cheminots
Une araignée tisse le temps qui passe
Sur le pare-brise…
Quant au bord de la LGV Rhin-Rhône,
Le doux lin vivace
Salue le passage des trains à grande vitesse.
… Il y a
à chaque aurore
une lutte qui s’engage
… à chaque aube nouvelle
l’espoir que le combat s’arrête.
Il y a des soirs,
Comme celui-ci
Où vous êtes fatigué…
Vous attendez un geste, une main,
Mais il n’y a rien.
Que le silence, la solitude et au bout…
… la mort.
Et d’autres nuits,
Je nage avec des poissons-lunes
Ecumant des terrains vagues…
(La nuit était bien entamée…
Ma main posée sur son sein droit
Et les bambous bruissaient d’un
Eté débutant.)
A l’arrière du Bât 29,
A l’ombre des rosiers où
Adossé an transfo
Viens m’embrasser de
Toute la densité de ton
Pull bleu…
Je t’aime encore (je crois), ne m’oublie pas trop vite.
Du 25/10/2021 Au 01/07/2022
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