Asylum fahrenheit
Asylum fahrenheit
J'ai marché,
Longuement,
Très longuement
Frottant ma peau à l'arête de mes instincts
Dans cette plaine boursouflée de chaleur
Mon corps, mes gestes,
Appesantis, encroûtés de soleil
Mon pas trainard,
Crissant sur l'obsidienne de ma soif
Et ma longue vareuse élimée, gavée de poussière et d'astres
N'est que le vieil étendard efflanqué de mon errance
Mon visage, mes yeux,
Luisants de cette fièvre amère et douce,
Creusant des sillons salés sur la cendre de ma barbe poisseuse
Et la tache sanguine d'un soleil vaporeux,
Écrasant de son haleine sauvage
L'escadre que j'aperçois au lointain,
Miroitante,
Martelée par un ciel de fer blanc
Sur l'enclume d'un océan gris,
Ardoise
Dans la rade, aucun chant...
… Les marins dilués, glissants sur les tables graisseuses des bouges,
Leurs capitaines avachis, coulés sur les sofas usés des bordels...
… Étais-je sur l'île de Socotra,
A Frisco, Port Zélande ou Zanzibar...
Enfin
Ce chemin de brûlure,
Ciselé par la morsure d'un ciel de bistre
S'apaisa
Et mes bras dans leurs suppliques de cendres,
Abreuvaient l'humidité de l'aveu,
Moite et sucré,
Reposant et dénudé
J'avais trouvé ma constance...
Au creux d'une combe, au fond d'une vallée
Là ou le pas lourd, somnolant, des longues caravanes,
Gorgées de safran, muscade et de cannelle
Viennent déverser leurs cargaisons sous l'œil calme des bestiaux
Alors qu'aux creux des collines,
Des hommes accroupis, coiffés de madras colorés,
Une carabine en équilibre sur leurs genoux rugueux,
Sirotent de longues pipes en terre cuite
Leur regard est un silence, rieur et dur
Un flux et reflux,
Cascadant en douceur,
Sur la cavalcade des chevaux à la crinière blonde
Sur l'ombre chaloupée des femmes,
Portant jarres et plateaux,
de gâteaux de soja,
Et de thé à la menthe
Puis je regarde ce chemin jaunit par le soleil,
(Qu'un vent humide sait caresser)
Bordé par des espaces de blé mûr (étoilés de coquelicots)
Cette langue de terre, à l'odeur moite et chaude d'un orage d'été
Sur ce sentier, au bout une maison
Où je sais ce portillon en fer forgé,
A la peinture bleu-ciel (écaillée)
Une allée, bordée de gypsophile, de roses trémières
Et se coulant dans la trille d'un rouge-gorge, passe un lézard-vert apeuré
(Bousculant un peu) la pénombre accueillante d'une porte entrouverte,
Frottée de basilique, de vanille et de fleur d'oranger
Quand bourdonne sous la tonnelle,
L'amitié et l'éclat doré d'un vin blanc (sucré)
Je sais qu'elle m'attend
Au bord de ma déchirure,
Quand la fatigue de vivre me fait ployer le genou.
Du 13/05/2001 Au 13/06/2011
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